Home

<<>>
Côté atlantique, Cap Vert
Sal ( N 016º45 - E 022º58 ), 2004-04-26
De l"eau bleue et du vent

A mi-chemin entre l'occident et l'Afrique, fini les fleuves et leurs mouillages tranquilles, bonjour le Cap Vert, le vent, et la houle !

Nous sommes partis le 4 avril de Casamance, en se demandant si on n'avait pas rêvé les déferlantes de notre arrivée : la passe était toute calme ! C'est bon, on reviendra.

La suite allait être moins reposante. Le vent désespérément nord-ouest, c'est à dire pile où on veut aller. Bon, on va faire du près, donc des zigzags, ça devient une habitude. Plus on avance, plus le vent forcit, on réduit de la toile et on va quand même très vite... On aura quand même mis une semaine pour arriver. Une expérience qui confirme que Zigzago se comporte bien, mais qu'il nous reste du travail... On se met à rêver d'avoir un enrouleur, par exemple.

On arrive sur l'île de Sal, à Santa Maria, mouillage qu’on sait rouleur, mais on est fatigués pour continuer jusqu’à Palmeira, mouillage plus abrité. Et puis il paraît que l'eau y est d'un bleu enchanteur (c'est vrai) ; REPOS ! On se pose dans le cockpit, complètements déphasés. On arrive d’un village paumé de Casamance, et nous voilà dans un village non moins paumé de Sal, mais hyper touristique ; un genre de Palavas les flots Capverdien. Assise dans le carré, j’entends un bruit… Le temps de mettre un mot dessus, je vois passer une voile de planche à voile par l'ouverture de la descente. Effet comique garanti !

Mais dès le soir, nous réalisons l’erreur de se s’être arrêtés là : le vent tourne légèrement, et voilà la houle qui nous fait rouler, on se croirait revenus en mer ! Et le lendemain : on se prépare à aller à terre ; gonflage d'annexe, mise à l’eau, embarquement… Il est de suite évident que nous n’étalons pas le vent et le courant avec nos rames ! On se raccroche illico au bateau, la mort dans l’âme. Bon, impossible de descendre, donc. Si on attend que le vent se calme, on sera encore là l’année prochaine… Il ne nous reste plus qu'à repartir.

L'arrivée à Palmeira est aussi sportive que le départ, à la voile au milieu des planchistes qui ne semblent pas comprendre qu'ils ont beaucoup plus à craindre que nous d'une collision ! Il faut dire qu'avec le vent qu'il y a, certains subissent plutôt qu'ils ne manoeuvrent. Cinq heures plus tard, toujours à la voile, nous tirons un bord dans le port pour se rapprocher de la rive, Willy pense que je vais nous faire percuter l'àpave… Nous sommes ancrés, ouf !

Le lendemain, nous débarquons (séquence _très_ sportive), le vent ne se calme pas… Mais se calme-t-il parfois ici ? Les autorités sont plutôt sympas. On part à Espargos, la « ville », pour retirer des sous… Nous partons donc à pied, nous disant que 5 km, ce n’est rien. Mouais, par ce vent, sur cette île complètement hostile, c’est une épreuve ! Et le stop ne marche pas.

Depuis, nous avons les moyens de prendre les transport en commun : Il faut guetter les véhicules qui passent, et s'ils ont la pancarte "aluguer", on fait un signe. Si a de la chance, c'est un mini-van, sinon, ça va du camion au pick-up équipé de bancs se faisant face, attachés avec de la chambre à air... On est promenés à tous vent (et il y en a ici, de vent !), et pas mal secoué vu l'état des routes ! Mais pour le côté pittoresque, c'est imbattable !

Je ne cesse de me demander comment font les locaux pour vivre ici. Je n’ai toujours pas la réponse. Je suppose qu’il faut être né ici et ne pas se poser la question. La terre est aride, il ne pleut jamais, tout est importé : fruits, légumes, viande, seul le poisson est pêché ici. L'eau est dessalinisée, et nous avons identifié une sorte d'arbre qui résiste au climat de l'île ! Cela donne une impression de décors de western, avec le vent qui soulève la poussière, qui colore tout d'un ocre vif, et les mirages qui nous font voir des étangs au milieu des étendues désertiques.

Il y a trois « villes », 10.000 habitants, plutôt accueillants. C'était la dernière île de l'archipel à être habitée, au XIX° siècle, pour l'exploitation du sel, seule ressource naturelle de l'île. Depuis, le commerce a bien périclité, mais le tourisme commence à prendre le relais, et les autochtones sont restés.

Il y a quelques curiosités, comme les salines, ou la piscine naturelle de Buracona, sur la côte ouest, au nord de Palmeira. C'est très impressionnant de voir arriver la houle qui se fracasse sur la roche. On croirait une marmite géante, l'eau se couvre d'écume, on ne voit plus que du blanc. Et juste un peu plus dans la terre, on se baigne dans une cuvette creusée dans la roche, dans l'eau calme et d'une transparence qui nous fait plaisir après quatre mois sur les fleuves. Je sais, sur la photo, ça n'a l'air de rien ; mais vous voyez le petit point blanc, là, au fond, devant l'eau... Hà bien c'est Willy, comme quoi c'est grand, quand même !
Ceci dit, les visiteurs viennent surtout ici pour le vent (planche à voile et kite-surf), et les fonds (plongée).

On a vite le sentiment d'avoir fait le tour de l'île : Cap sur Sao Nicolau, île moins touristique, et un peu plus verte. Le vent nous pousse à 6-7 noeuds (10-12 km/h, ça vous paraît peut-être ridicule, mais c'est rapide, en fait !), sous toile réduite... Mais à peine passé la pointe sud de Sao Nicolau, miracle, le vent tombe... Complètement. On n'en revient pas, c'est possible ici ? En tous cas, on a finit au moteur, et le vent ne s'est pas vraiment relevé depuis. C'est reposant en fait.

Nous commençons à peine à découvrir l'île, très montagneuse, rien à voir avec Sal. Willy ne cache pas sa joie de revoir des reliefs, et j'apprécie les papayes qui poussent bien ici... Enfin, au nord, où les nuages sont arrêtés, parce qu'à Tarrafal, au sud, où est le bateau, le soleil tape et tout est sec.

Nous sommes encore étonnés de voir l'électricité partout, des routes pavées... Même si quasiment personne n'a l'eau courante. Ce n'est plus tout à fait l'Afrique, mais pas encore l'Europe.

Dans une semaine, prochaine étape à Sao Vicente, puis Santo Antao, et... Les Canaries, inch Allah.

<<>>
Côté atlantique, Cap Vert
Sal ( N 016º45 - E 022º58 ), 2004-04-26
De l"eau bleue et du vent


Z I G Z A G O - Je tribulationne, tu tribulationnes, il/elle tribulationne, nous tribulationons, vous tribulationnez, ils tribulationnent