Depuis deux semaines, c'est carnaval, sur le thème de Don Quichotte (Ben oui, c'est le quatre centième anniversaire de l'écriture du livre). L'année dernière, le thème était l'Afrique, ça devait être plus rigolo. Donc, tous les soirs, sur une scène devant un décor faramineux, un concours prend place : un présentateur fait défiler les participants, devant le jury et le public assis dans les gradins : groupes costumés style carnaval de Rio (strass et plumes, pas trop habillées surtout) qui font des petites chorégraphies avec différents costumes ; déguisements ; Murgas : sorte de chorales (ils sont une quarantaine à chaque fois !) accompagnées seulement de percu, qui chantent des chansons satiriques sur des thèmes souvent politiques, ou sur le carnaval de Las Palmas qui est mieux que celui de Sta Cruz de Ténérife ; Peinture sur corps...
On se croyait déjà à Rio, nous ! On s'attendait à voir tout la ville dans la rue, dansant et défilant au son des batucadas. On n'en revient pas quand le présentateur annonce qu'il va s'interrompre quelques minutes pour laisser place à la publicité ! Comme à la télé ! Il faut dire que la pub est omniprésente, à commencer par la scène, où certains soirs, un logo s'affiche en plein milieu du décors ! Sinon, un écran incrusté permet de voir ce qui se passe sur scène, et les pubs de tous les sponsors. On sait déjà quelle marque de bière sponsorise, toutes les buvettes croulent sous les logos, et ils ont installé des bouteilles géantes sur la place au cas où on n'aurait pas encore compris. Plus loin, la promenade du front de mer s'est transformée en boites de nuit en préfabriqué ; prix aussi gonflés que les bras des videurs...
Nous sommes un peu déçus, un peu trop commercial, tout ça.
Le dernier week-end nous console : Les gagnants de tous les concours défilent dans les rues, au son de groupes de percus. Les "reines", engoncées dans leurs énormes costumes, sont baladées sur des espèces de plateformes motorisées. La plus animée est celle des drag queen : trois reines et quatre body-buildés habillés cuir-mais-pas-trop-faut-voir-les-pectoraux-quand-même balancent des bonbons en faisant des clins d'oeil et dansant sur de la techno. Ben ça, y avait pas aux Antilles !
Nous voici arrivés au bout on dirait ; ouah, le costume de la reine... Bon, demi-tour, qu'est-ce qu'on a pas encore vu ? Tiens, revoilà les drag queen, toujours aussi en forme... Hé, mais ça s'anime enfin par là ! Ce sont des chars. Ça va du super camion tout décoré à la voiture dans laquelle s'entassent un tas de potes... Tous déguisés, qui dansent et... jettent des bonbons. Bon, je craque : "Par ici, por aqui ! Ouhou".
Ils diffusent de la musique à fond, la foule les suit en dansant : beaucoup de fées, d'increibles (personnages du dernier dessin animé de Disney), de travestis, de diablotins... La palme du plus original (quoique d'un goût plus que douteux) revient à deux gars déguisés en serviettes hygiéniques ! Un zorro poussant un petit cheval à roulettes, des poulpes, des dames derrière des fenêtres... On remonte le défilé, jusqu'à la place Santa Catalina, où les derniers chars passent. Bon, évidemment on retrouve la pub, les reines étant sponsorisées par des centres commerciaux, et les chars par... ma foi on dirait que jusqu'à la plus petite entreprise de Las Palmas veut y être représentée.
Un concert commence : Las salvapantallas (les écrans de veille) reprennent des tubes un peu démodés des années 80. A suivre, Bonney M et autres stars, toujours du siècle passé... On va aller voir ailleurs ce qui se passe, la démarche ralentie par nos semelles collant au sol, couvert de bonbons écrasés.
Fin février, Willy arrive à la fin de son contrat, moi je n'en avais pas... Allez, on continue enfin l'annexe ; les planches sont là, on vient de les découper... Et Willy est cloué au lit avec une forte fièvre par une grippe carabinée ! Bon, ben je vais commencer toute seule. Je ne vous cache pas que ça jase sur le ponton :"Et Willy, il ne t'aide pas ?". Mais regardez bien la photo juste à côté... Hé bien c'est un souvenir maintenant : la grippe a achevé de le convaincre d'arrêter de fumer !
L'annexe prend forme, on attire les curieux :
- C'est quoi ?
- Ah, oui en deux parties c'est bien... Mais, (l'air dubitatif) comment vous allez les fixer ensemble ?
- Où vous allez la mettre sur le pont ? C'est pas un peu grand ?
Celle-la, de question, elle nous énerve, parce-qu'on se la pose aussi !
Hop, on s'active de plus belle en prenant un air renfrogné pour ne pas être dérangés. Enfin, il faut reconnaître que nos voisins ont été plutôt compréhensif, parce qu'on prenait de la place ; et entre la pluie qui s'acharnait à tomber et une sombre histoire de résine périmée qui ne séchait jamais, ça a un peu été un travail de Sysiphe.
Ceci dit, il y a de moins en moins de monde sur le ponton. On s'impose un rythme soutenu, avec l'aimable collaboration de notre réveil. Le bateau était en désordre, c'est devenu un chaos ; Vivement le départ !
En fait, je redoute les contre-temps : on attend toujours notre GV, dont le tissu est bloqué ds la péninsule ; on a commandé de la peinture par Andres, collègue de Willy, j'espère qu'elle arrivera avant l'été...