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Côté atlantique, Maroc
Agadir ( N 030º25 - E 009º37 ), 2005-06-22
Dieu, le Peuple, le Roi

Nous sommes au Maroc... Depuis un mois. Partis pour Essaouira, nous avons finalement atterris plus au sud, à Agadir ; vous connaissez la chanson, maintenent : philosophie, météo capricieuse, imprévu... Et casse. Ca, on n'avait pas encore essayé, c'est chose faite, nous n'avons plus de régulateur d'allure (dispositif mécanique qui barre le bateau tout seul grâce au vent), nous nous relayons à la barre.
Je ne sais pas si c'est pour ça, mais il faut reconnaitre que nous avons été très bien accueillis. Les officiels ont défilés, dans la bonne humeur ; immigration, douane, police maritime, capitainerie, autant de fiche d'informations personnelles à remplir. Honnêtement, heureusement qu'ils étaient sympathique, parce que nous étions fatigués.

Les pontons sont bondés, on se retrouve à couple de la vedette de sauvetage. Nos voisins Mustapha et Ali nous font de suite découvrir l'hospitalité marocaine : thé à la menthe (ça nous rappelle quelque chose, mais c'est moins sucré et surtout moins long qu'au Sénégal), coup de main pour réviser notre moteur...
Ils nous traduisent le slogan qui s'affiche sur la colline, juste en face du bateau : "Dieu, le peuple, le Roi" ; la version marocaine de "Liberté, égalité, fraternité".

Nous profitons de ce que le bateau est bien abrité pour aller visiter l'intérieur des terres.
Une première boucle vers le sud, en bus vers Tafraoute, aux portes de l'anti-atlas. Arrivée matinale, à 4 heures du matin...le tobus s'arrête, le moteur est éteint ; j'attends que les lumières s'allument et que le conrôleur réveille tout le monde pour me lever... Mais non, on peut dormir jusqu'au lever du jour ; c'est chouette, l'Afrique !
Suivent des journées de marche sous le soleil, dans des paysages ocres sur lesquels se détachent les silhouettes vertes d'arganiers et amandiers. Ces derniers constituent des arrêts appréciés, pour leur ombre et leur fruit.

C'est un plaisir d'être juste là, dans ce calme, à contempler ce paysage coloré... Les villages, construits en terre, se confondent avec les roches environnantes.
Hormis les écureuils, nous ne croisons quasiment personne, traversant des villages fantômes. Nous apercevons plusieurs fois des femmes qui se cachent à la hâte... Malaise...
Nous rencontrons cependant un joyeux groupe d'institutrices en pique-nique, qui nous invitent aussitôt à partager leur repas ; moi avec elles, Willy avec le chauffeur et leurs collègues masculins. Ils parlent immigration pendant qu'elles me demandent mon avis sur le port du voile et la djellaba ; bien sûr, elles trouvent que je ne mange ni assez, ni assez vite. S'ensuit une revue de chant traditionnels, avec percussions improvisées sur les verres à thé.

Il s'agit d'une des rares fois où je peux parler à des femmes. Dans les rues, les commerces, et encore plus aux terrasses des cafés, nous ne voyons quasimment que des hommes ; j'ai du mal à m'y faire.
Nous descendons jusqu'à Tan-tan, aux portes du Sahara occidental. Avant même l'arrivée en ville, un policier nous met en garde contre " l'insécurité ". En ville, le malaise est palpable, la présence militaire forte et les regards inquisiteurs. Les derniers incidents liés aux revendications d'indépendance du Sahara Occidental n'y sont certainement pas étrangères. Nous ne nous attardons pas et rentrons se poser un peu à Agadir, en grand taxi, tous les bus étant complets.
Les grands taxis, c'est du typique, qui désespère un peu sur le moment mais qui fait super anecdote ensuite : imaginez une voiture, type Mercedes si on a de la chance, ou 505 si on en a un peu moins ; en tous cas, pas neuf. Maintenant, imaginez-la remplie : trois personnes à l'arrière, chauffeur et passager à l'avant. Un dernier effort d'imagination pour entasser une personne derrière et une autre devant. Voilà, vous avez une idée de ce qu'est un grand taxi, qui effectue des trajets entre deux villes à des prix à peu près équivalents à ceux des bus : Tan-Tan - Agadir ; départ à quatre heures du matin, arrivée neuf heures, fourbus.

Nous montrons patte blanche au policier à l'entrée du port, nous pouvons entrer. L'odeur de sardine se précise, nous approchons du but. Ah, voici les bateaux de pêche, nous sommes arrivés. Nous voila chez nous. Oui, nous avons élu Agadir le port le plus sale de notre voyage. Mais c'est aussi le seul dans lequel j'ai vu des éboueurs du port : il y des gars qui passent leur journée dans une barque, à ramoter en attendant de voir quelque chose flotter à la surface de l'eau ; et là, hop, ils le ramasse et ça finit dans leur barque, transformée en véritable poubelle flottante.

Les relents de sardine nous poursuivent dans toute la ville, moderne : elle a été entièrement rasée par un tremblement de terre en 1960. C'est une ville balnéaire (300 jours de soleil par an, selon les dépliants touristiques), avec sa plage et ses bronzeurs ; pas beaucoup de charme, mais nous y avons fait de chouette rencontres. Et comme dit Ali (notre voisin au yacht-club), "à Agadir, c'est tranquille, la police est très présente"... Il faut savoir lire entre les lignes ici.

La télé ; elle est omniprésente ici : des paraboles sur les toits et balcons aux bars, où on vient s'attabler pour regarder le match de foot, le soap-opera égyptien ou le film américain.

Bon, là, je joue les pachas, c'est pas toujours comme sur la photo, mais il faut reconnaître qu'on mange bien ici : tajine, couscous, pastilla... On se régale d'olives, citrons confits, fruits secs, jus de fruits frais, et amlou.
Avec l'amlou, j'ai découvert un truc formidable. L'ingrédient de base, c'est l'huile d'argane, un fruit qui ne pousse qu'au Maroc, et donne une huile très parfumée ; huile d'argane donc, miel, et poudre d'amande... Que des bonnes choses quoi. Je peux vous jurer que le Nutella, à côté, c'est du pipi de chat.
Bref, on se porte bien.

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Agadir ( N 030º25 - E 009º37 ), 2005-06-22
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Z I G Z A G O - Je tribulationne, tu tribulationnes, il/elle tribulationne, nous tribulationons, vous tribulationnez, ils tribulationnent