A Casablanca, Marlène nous loge chez la mère d'un de ses amis... Nous n'en demandions pas tant, mais c'est une très bonne surprise, ça nous permet de bien profiter du festival de musique et cinéma.
Casa, c'est une ville résolument moderne. Comme on nous a dit, "Il n'y a rien à voir". Sauf l'agitation caractéristique des grandes métropoles, une jeunesse qui décidemment a envie de bouger, et la mosquée Hassan II.
C'est un lieu calme et ombragé, on y rencontre des gardiens qui s'ennuient sur leur chaises, des touristes avec leurs appareils photo, des étudiants qui viennent réviser au frais sous les arcades, des couples discutant discrètement...
On ne peut pas la rater, son minaret se voit de loin (en arrivant en voilier, de nuit, on le voyait mieux que le phare !) et pour cause : Hassan II a voulu construire la plus grande mosquée du monde. C'est réussi, elle ne rentre pas sur la photo ! Non mais c'est malin, je vous jure, comment je fais moi, hein ? Ca compromet sérieusement les soirées diapos du retour (J'ai cru entendre un "ouf" de soulagement...) !
Jugez un peu : à gauche, le minaret de la mosquée de Yacoub El Mansour à Rabat, 44m (bon, d'accord, il n'est pas fini, les travaux ont été arrêtés à la mort du sultan) ; à droite, le minaret de la mosquée Hassan II, 210 mètres...
Dommage que le quartier autour tombe en ruine, question de budget je suppose.
Nous filons sur Tanger, y guetter le bon moment pour passer le détroit de Gibraltar.
A Tanger nous ne sommes pas restés plus d'une nuit, vu l'accueil.
Dès notre arrivée nous apercevons un curieux manège : Nous longeons les quais de chargement-déchargement des containers, dans le port commercial, juste avant l'entrée du port de pêche où sont situés les pontons pour les voiliers. C'est une zone bien gardée pour laquelle il faut un laissez-passer.
De l'autre côté, en revanche, on accède facilement à la digue matérialisant l'entrée du port de pêche ; de jeunes hommes, y discutent assis sur les pierres. Au moment où nous arrivons, deux d'entre eux se déshabillent, et mettent leurs affaires dans un sac en plastique. Ils se mettent ensuite à l'eau et nagent vers nous en poussant le sac devant eux. Mais que nous veulent-ils ?
Rien ! Ils nous sourient et continuent à nager... Ils ont juste profité de notre arrivée pour traverser un peu plus discrètement. De l'autre côté, ils se rhabillent puis disparaissent entre les gros blocs de bétons posés sur le quai.
Dans l'après-midi, cela continue, quand un bateau de pêche entre, hop, ils traversent à un ou deux.
J'en verrais une dizaine en quelques heures. Vont-ils tenter leur chance en essayant de s'introduire dans les containers ? Plusieurs marocains nous ont parlé de cela : arriver à entrer dans un container, se faire embarquer pour l'Europe... Ils savent aussi que certains sont morts dans cette manoeuvre, mais cela ne les arrête pas.
Finalement, ici, ce qui me laisse le plus perplexe, c'est que si moi, en quelques heures, j'ai pu m'apercevoir de ce manège, les policiers doivent forcément être au courant aussi. Il leur serait simple me semble-t-il d'empêcher les gens d'accéder à la digue... Complices ou impuissants ?
Ceci dit, chaque fois que nous quittons un port marocain, un officier de la police et des douanes montent à bord, et vérifient que nous partons à deux, pas plus. Aucun marocain à part eux ne peut monter à bord. De toutes façons, les ports sont gardés, personne ne rentre sans laissez-passer...Et à Nador, ville du nord séparée d'une enclave espagnole seulement par un espèce d'étang intérieur, des militaires à mitraillette investissent la plage tous les soir à 18 heures : Finies les baignades ! Il n'est finalement pas si facile de partir...
Le soir, nous nous endormons en écoutant le discours du roi pour la fête du trône... Très efficace ! Nous devons nous lever très tôt pour passer le détroit, le courant de marée nous aidera ; en l'ayant contre nous, nous aurions du mal.
Donc, six heures du matin, nous allons larguer les amarres quand un énergumène vient nous voir d'un air décidé : "Donnez-moi l'argent !". Là, d'emblée il a l'air suspect, et nous essayons de comprendre dans quelle embrouille il veut nous entrainer. Devant notre réponse négative, il insiste, demande à voir le reçu du port ; notre voisin apparaît alors et nous informe qu'il s'agit du gardien... Il pensait que nous partions sans payer.
Notez que nous y avons pensé, vu le prix (14 €, plus cher qu'au Canaries !) et les services correspondants (à couple d'un autre voilier), sans eau, ni électricité, ni sanitaires)... Les marocains ont une vision surprenante des "marinas", mot qu'ils emploient un peu vite à mon goût.
Ceci dit, s'il s'était seulement présenté, nous aurions été plus souriants !
Allez, le vent nous pousse, il fait beau : On se concentre sur le cap, c'est parti, au-revoir l'Atlantique, bonjour la Méditerranée !