Nous voulions faire un dernier arrêt à Chefchaouen, petite ville du Rif, qu'on nous avait décrite comme un "havre de paix".
Il fait très chaud quand nous arrivons, pour déchanter aussitôt : il y a beaucoup de monde, moitié locaux, moitié touristes. Les hôtels sont presques tous complets, annoncent un prix carrément supérieur à ce qui est affiché, ou proposent avec un grand sourire (et des € dans les yeux), mon ami, de dormir sur la terrasse pour plus que le prix que nous payons d'habitude pour une chambre !
Nous finissons par trouver une place sur une terrasse sale, non ombragée, avec une mousse plus que sale d'un mètre pour tout matelas... Ca ne m'enchante pas, mais je suis carrément fatiguée, Willy en a marre, et nous acceptons.
Le temps de trouver à manger, notre impression de village-carte postale se confirme, tout est cher et nous ne faisons pas dix pas sans croiser des touristes.
Une arnaque nous attends de retour à l'hôtel : nous pouvons dormir sur la terrasse pour le double du prix, mais c'est difficile, à deux heures du matin, l'humidité arrive, à huit heures c'est le soleil ; mais le patron a vu nos sacs, il a pensé que nous étions des amis (de qui ???), alors il nous a préparé un endroit qu'il veut bien nous louer à encore plus cher ; il s'agit d'une pièce style débarras, sans fenêtre, dans laquelle il a posé un tapis.
Il continue son discours, toujours plus embrouillé, sans arrêter de nous appeler "mon ami".
Ca suffit ! C'est beau, Chefchaouen, nous reviendrons peut-être en hiver, mais là, c'est la goutte d'eau...
Ce n'est pas fini, en arrivant au terminus des taxis collectifs, le coup classique, on essaie de nous faire croire que nous devons partir seuls tous les deux, pour le prix de six personnes bien sûr...
Le gouvernement marocain s'est fixé un objectif de 10 millions de touristes en 2010. C'est bien beau, mais ce n'est pas en construisant des marinas hors de prix et les complexes d'hôtels de luxe assortis que ça va suffire ! Il faudrait peut-être qu'il pense au côté qualitatif de l'offre, et là, il y a vraiment des progrès à faire. Nous pouvons faire abstraction d'arnaques isolées, nous comprenons qu'on essaie de nous faire payer plus que les marocains, mais c'est un peu trop systématique, et souvent assez agressif. Nous n'avions pas ressenti cette désagréable impression d'être un porte-monnaie à pattes jusqu'ici, y compris au Sénégal, pourtant plus pauvre.
Et c'est bien dommage que les marocains donnent cette image d'eux-même, car nous avons vu qu'ils peuvent se montrer plus qu'accueillants ; nous quittons le pays avec un sentiment mitigé, donc, un peu tristes de finir sur cette image négative...