Mais ce n'est pas si simple : Alors que nous passons la frontière, le policier s'apprêtant à tamponner le passeport de Willy nous demande où est notre voiture.
"Quelle voiture ?", nous exclamons-nous de concert. Il ne sait pas, mais elle se trouve au Maroc et nous ne pouvons sortir sans elle.
Au guichet des douanes, le passeport de Willy est confisqué ; au troisième guichet nous rééxpliquons notre problème et Willy disparaît dans les bureau. Une heure plus tard, il revient ; en fait, c'est la bateau qui pose problème : les douaniers de Tanger ont oubliés d'enregistrer sa sortie du territoire, donc, il est au Maroc.
Bien sûr, si nous écoutons les fonctionnaires ici-présents, NOUS n'avons pas déclaré...Impossible de leur faire reconnaitre que nous ne sommes pour rien dans cette histoire : Impossible de se plier à un règlement si personne ne nous l'indique. Nous décidons de laisser ces considérations de côté et rester en bons termes avec nos interlocuteurs, puisque notre sort dépend de leur bon vouloir.
Ils commencent à parler de retourner à Tanger pour régler le contentieux...
Voilà comment, Willy en otage au poste, je me retrouve à 22 heures en route pour le port de Ceuta. Ma mission : ramener une attestation dûment tamponnée par la guardia civil, pour prouver que le bateau est bien en Espagne. Heureusement le garde est de bonne volonté, il rappelle l'officier, déjà parti, et deux heures plus tard, je suis de retour.
Willy a eu le temps d'apprendre que les fonctionnaires alternent vingt-quatre heures d'affilée de travail pour un repos de quarante-huit heures... En baissant la voix, ils confient que "c'est trop, par rapport au salaire" : 2000 dirhams (200 €) par mois.
Je leur donne les papiers et les entends parler en arabe d'un ton "il y a un problème" : le papier de douane a été fait à Agadir... Ce serait donc aux douanes d'Agadir de régler l'histoire.
Je me domine que c'en est de la tyrannie ; moi-même n'étant pas un interlocuteur valable puisque de sexe féminin, Willy redisparaît donc dans les bureaux, pendant que je continue son enquête sur les conditions de travail des douaniers, entre deux coups de tampon.
Une heure plus tard, alors que je suis presque décidée à dormir sur place, il reparaît. C'est réglé, nous partons quand un officier précise que c'est lui qui a pris le risque de cette décision.
Je n'ai pas eu l'impression qu'il espérait quelque chose en retour, mais je ne pense pas qu'il parle à la légère, toute initiative peut effectivement lui retomber dessus.
Nous devons tout de même régulariser la situation, tout n'est pas fini.