Avez-vous déjà eu peur en navigation ?

Bien sûr !
La peur est une réaction qui provoque une action. C'est un stress, dans le sens positif du terme, un signal d'alarme qui nous indique le besoin de rétablir l'équilibre d'une situation.
Ne pas avoir peur n'est pas très sûr, cela conduit à sous-estimer les dangers et donc ne pas les éviter.

Par contre, se laisser envahir par ce sentiment, le laisser devenir irrationel, c'est courir le risque de prendre des résolutions inadaptées à la situation. Paniquer et rester paralysé face à une situation qui nous dépasse, c'est évidemment courir à la catastrophe.

Nous avons eu peur par exemple en entrant dans le fleuve Casamance, c'était très impressionant de passer au milieu des déferlantes, en essayant de deviner plus que voir les bouées d'entrée. Nous étions alors tous les deux très concentrés, ayant réalisé sans se le dire que nous n'avions pas droit à l'erreur. Mais nous avons eu la même réaction de privilégier l'action. Ce n'est qu'une fois entrés, le danger passé, que nous nous sommes permis de relacher notre attention et de parler d'un mode plus "sentimental" de ce que nous venions de faire.
En navigation, de la même manière, nous ne partageons pas nos sentiments ou impressions. Nous essayons de rester toujours sur un mode "neutre", technique, quand nous prenons une décision.
Partager sa peur, cela ne soulage pas celui qui la ressent, mais fait douter aussi celui qui jusque-là n'avait pas d'apréhension.
Par contre, analyser la situation et réfléchir ensemble à l'action adéquate, permet de conforter son sens critique, d'observer que parfois la fatigue (par exemple) déforme notre perception... Et donc de remettre la peur à sa place : si elle a un motif raisonable, alors on peut agir sur le bateau au mieux, sinon, c'est de soi qu'il faut s'occuper !

Pour finir, il est certain que comme dans tous les secteurs, l'expérience aidant, nous devenons de plus en plus sûrs de nous, et plus nous naviguons avec notre bateau et mieux nous le connaissons, nous lui faisons confiance. Nous savons que nous (et lui) sommes capables d'affronter des conditions difficiles... Mais ça ne nous met jamais à l'abri de conditions plus dure que ce que nous connaissons déjà !